Entreprise et Salariés-Aidants
Dans sa « stratégie de mobilisation » « Agir pour les Aidants » 202-2022, Edouard Philippe annonce dans la priorité N°3 « Il faut permettre aux Aidants de concilier vie personnelle et vie professionnelle »
Et que le soutien aux proches aidants doit être inscrit parmi les thèmes de la négociation obligatoire dans les entreprises et parmi les critères de la responsabilité sociale et environnementale, en 2020.
Qui sont les salariés aidants ?
Actifs en entreprise et aidant dans sa vie privée, la double journée du Salarié-Aidant l’expose davantage aux risques psycho-sociaux.
Accompagner et soutenir un proche dépendant du fait de la maladie, du handicap ou du grand âge concerne aujourd’hui en France 11 millions de personnes.
55% d’entre eux exercent aussi une activité professionnelle. La « génération-pivot » (45-64 ans) est la plus touchée par le cumul d’obligations liées à la solidarité familiale (Ces Aidants ont souvent un ascendant âgé à charge, des enfants ou petits-enfants ayant besoin de leur soutien), et une activité professionnelle à mener de front.
Et parmi les quadra et quinquagénaires actifs, plus de 20% d’entre eux s’occupent désormais d’un proche dépendant.
Ces chiffres sont amenés à évoluer dans les années qui viennent du fait notamment de l’allongement de la durée de la vie, et des politiques de maintien à domicile.
La plupart du temps, ces salariés-aidants (65%) ne parlent pas de leurs difficultés à leur supérieur hiérarchique, ce qui renforce leur sentiment d’isolement, qui à son tour renforce le stress et le sentiment « de ne pas être à la hauteur » ni dans son travail, ni dans son rôle d’aidant.
D’après le baromètre des Aidants BVA/APRIL 2019 :
- 41% des Salariés-Aidants déclarent ressentir un manque d’efficacité au travail en raison du stress et de la fatigue liés à leur rôle d’aidant.
- 17% craignent d’être bloqués dans leur évolution professionnelle
- 13% une forme de stigmatisation en raison de la situation d’aidant.
Ces salariés-aidants font face pourtant, mais souvent au prix d’un poids qu’ils ne partagent avec personne, et d’une détérioration de leur propre santé.
Absentéisme (évalué à 16 journées annuelles hors congés), présentéisme, nécessité parfois de réduire leurs horaires, voire de renoncer à leur emploi…le double rôle pénalise tous les protagonistes : les Salariés-Aidants eux-mêmes bien évidemment, mais aussi l’entreprise de par la moindre motivation des salariés concernés, et les personnes dont ils prennent soin.
Cette situation n’est toutefois pas inéluctable : une politique de soutien de la part de l’entreprise peut tout à fait réduire les risques psycho-sociaux liés au double rôle de salarié et d’aidant, et redonner aux personnes concernées la motivation nécessaire à leur performance.
Un plan de soutien aux salariés-Aidants au sein de l’entreprise doit toutefois respecter certains principes et certaines étapes, au risque de manquer sa cible et ses objectifs.
La première étape incontournable est la sensibilisation des responsables, cadres ou DRH de l’entreprise à la problématique d’ensemble des aidants familiaux et plus spécifiquement des salariés-aidants.
C’est à partir de ces bases indispensables qu’un plan d’action peut être envisagé.
Un plan d’action doit être défini en fonction des caractéristiques de l’entreprise et des profils de salariés concernés. Il doit s’intégrer totalement dans la culture et les valeurs spécifiques à l’entreprise. C’est pourquoi il ne peut y avoir de plan d’action stéréotypé, mais seulement des plans d’action construits « sur mesures », et nous pouvons ajouter « Co-construits » entre l’entreprise et le prestataire consultant.